Qui est ce cheval qui vit en moi ?« Les chevaux sont avec moi depuis ma plus jeune enfance. Nous passions chaque week-end au club hippique de La Troche, tenu alors par une cousine. Les chevaux de mes parents, les premiers chevaux de ma vie, Ad libitum et Cerf-volant étaient en pension là-bas. Ils partaient pour de longues promenades en forêt de Rambouillet et je restais au club. Je passais mes journées à aller et venir devant les boxes, à observer les chevaux au fil des heures, les matinées près de la carrière à assister aux leçons, puis assise sur les barrières le long des prés ou cachée au pied des chevaux dans les longues herbes. Enfin le soir, au retour de la ballade, à la tombée de la nuit, je ne manquais jamais la préparation du « mash » dont l’odeur chaude est inscrite dans ma mémoire. Je les regardais desseller, bouchonner, nettoyer les cuirs, regonfler la litière de paille, caresser… Je passais ces longues heures de petite fille à apprendre, en silence. Ma mère, styliste de métier qui dessinait à merveille, m'avait appris cela : « pour dessiner, il faut d’abord apprendre à regarder » Je ne savais pas encore tenir un crayon que je dessinais mes premiers chevaux dans le sol poussiéreux des carrières entre deux reprises. Plus tard, je me concentrais sur les courbes, les volumes, la forme des vides… Et je découvrais, en grandissant que regarder est un état méditatif. Je cherche depuis toujours à comprendre le lien qui unit nos âmes humaines à l'âme du cheval. Cette passion, cette interrogation sur ce que nous avons à faire ensemble, sur ce qu’ils ont à nous dire, m’a ouvert la porte vers ce long apprentissage de la pratique artistique, vers les belles rencontres de femmes et d’hommes de cheval de tous horizons.
Aller chercher la lumière dans l’œil du cheval.Ma « Série Noire » est peinte ainsi. D’abord, je couvre la toile de noir. Pas de page blanche pour moi, mais une page obscure, comme l’intérieur de la terre. Peindre sur une toile noire, consiste à tenter de peindre la lumière ; cette lumière qui est autant physique que d’ordre spirituel, je la cherche d’abord dans l’œil du cheval. Par son regard, il nous délivre un message silencieux et immédiat, il donne du sens. C’est pourquoi je peins autant de portraits : être au plus près de l’intensité du regard.
La peinture, les chevaux, l’épreuve de verticalité.A cheval on apprend une posture, on apprend à tenir debout entre terre et ciel, à éprouver sa verticalité. Debout, devant la toile, mon travail est silencieux et introspectif, animé de cette question récurrente : qui est ce cheval qui vit en moi ? Il est aussi une quête d’élévation. Car le cheval parle à nos émotions, bien sûr, mais il s’adresse à quelque chose de bien plus profond et intemporel en nous, c'est un archétype… Le cheval nous donne une clef de « l’âme du monde ».
L’horizon est peuplé de chevaux.Mon travail pictural suit donc aussi un axe horizontal. Grâce à ce lien créé au travers d’échanges avec des cavaliers et hommes de chevaux de nombreux pays, j’ai démarré cette série « Chevaux du monde et Cultures Equestres ». Les chevaux, la façon dont les hommes les ornent et les célèbrent, sont divers d’un pays à l’autre. Mais les chevaux du monde sont « Un », unis dans « Le Cheval ». Ils nous permettent cette rencontre, par-delà les cultures, les religions et les coutumes. « Le Cheval » permet le lien, là où le l’échange est illusoire sans lui. Récompenses
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